samedi 22 octobre 2016

[éditorial] Les frites apéro (& le goût bacon)

Cas d’école me direz vous. Superstar des hors-d’œuvre mondains, les frites se mesurent avec brio au reste de la fange apéritive que sont les cacahuètes et autres graines à la saveur vilainement authentique.

Quel plaisir que ce sel huileux qui colle aux bouts des doigts. Plonger ses mains avides dans le bol (ou pire, directement au sachet) et en ressortir le précieux butin. Aussi, il sera important, et ce malgré les pressions sociales inhérentes à la soirée, de réussir, à un moment ou un autre, à s’empiffrer grassement comme si votre vie en dépendait. Vous toucherez, là, l’un des piliers hédonistiques de la malbouffe. Mais revenons à nos patates.

D’antan, les apéritifs se constituaient d’honorables rations d’arachides, l’association olives + cacahuètes (la “caca” comme on l’appelle au bistrot, et les vrais sauront) faisant office de pierre angulaire de ce rituel préliminaire. Encore aujourd’hui, il ne viendrait pas à l’idée du tenancier qui se respecte de servir en guise d’amuse-bouche, des sortes de bâtonnets poreux aux arômes improbables.
Pourtant, ils sont bien là. Étonnante création sortie droit des esprits ingénieux des grands nourrisseurs de ce monde, le curly marque une transition entre le végétal, l’organique, et l’artefact, l’innovation de l’Homme. Ça fait déjà rêver.

Mais le coup de génie provient bel et bien de la frite. Pas l’instrument en lui-même; un vulgaire curly aminci, mais le goût qu’on lui associe d’office. Le bacon. On passe donc, dans l’idée des ingénieurs de la frite, d’un gout “logique” de pomme de terre à celui de la viande. Des frites de cochon, pour ceux qui ne peuvent se permettre de servir de véritables tranches roses dans leurs réceptions. Ainsi, là où l’ancien dégainait son opinel et son saucisson, on dégaine maintenant des bâtons d’air comestibles.

C’était mieux avant disait le dicton, mais avant, on le savait pas encore.

note : 3 Jacques Séguéla sur 5

Rédigé par Lu’

Nouilles instantannées Poulet Yum Yum


 Ha, les années étudiantes. Cette période de la vie où la boite crânienne se remplit bien plus efficacement que l’estomac. J’ai nommé ici présent, le féculent salvateur de ces soirées de révisions qui s’apparentaient à une disette quasi-quotidienne : les nouilles. Et instantanées, s’il vous plait. 
Pour parfumer sa vie d’un réconfortant arôme de poulet.

La malbouffe, par essence, ne peut pas être issue d’un procédé de préparation complexe, du moins pour le consommateur. Si ces ravissants petits sachets aux couleurs du Soleil Levant parcourent en quelques jours plus de distance entre l’usine de fabrication et ton bol à ramens que toi dans toute ta vie de casanier, il est impensable que leur cuisson te fasse perdre un quart-d’heure de plus alors que demain, c’est épreuve blanche de Biochimie / Histoire de l’Art / Droit Privé (c’est bien connu, seuls les plagistes de fac sont enclin à bouffer ces trucs).

Ainsi donc, alors que ton cerveau est trop occupé à retenir ces informations cruciales pour l’épreuve tant redoutée -et si peu maîtrisée-, notre cher fabricant, lui, pense à tout pour toi : à l’ouverture, de petits sachets de condiments te tombent entre les mains. Poudre aromatisée, graisse, parfois même des hachures de piment pour les plus aventureux. On se prendrait presque pour un sorcier devant son chaudron bouillonnant quand, avec une grâce toute particulière, on déverse ces diverses mixtures pétrochimiques dans la casserole.

Les nouilles en elle-même, petit bloc rectangulaire, sont en réalité aromatiquement neutres : vous voyez, même pour 10 balles les 30 sachets, vous êtes encore le roi. Il est même précisé qu’elles peuvent être dégustées crues, comme .. comme quoi d’ailleurs ? Est-ce que quelqu’un apprécie en toute authenticité un repas constitué d’une brique de blé ?

Ne prends cependant pas trop la grosse tête devant cette liberté de consommation qui t’est offerte, et jettes donc, d’un revers de poignet magnanime, le bloc dans l’émulsion ardente. A peine une minute plus tard, c’est prêt. Verser promptement ce fameux repas dans un réceptacle et, sans prendre le temps de se saisir de maniques ignifugées, retrouver le chemin de sa piaule en pestant, courroucé par la chaleur imprévue de ce putain de bol, et ce partiel qu’il aurait fallu commencer à réviser bien plus tôt.
Si la vie est un bateau, et la vieillesse est un naufrage, la jeunesse s’apparente parfois à vomir ses tripes accroché au bastingage.

note : 5 baguettes sur 5 (c’est vraiment un must, sérieusement, les gars ..)

rédigé par Lu’

Chips Banane Éthiquable


Quoi de mieux qu'un goûter qui sache allier graisses saturées et sucre de canne pour un résultat gustatif frisant l'addiction dès la première bouchée ? La réponse est évidente : TOUT est mieux que ça. Et pourtant, on succombe.  Ce délicat manteau de sucre, cette texture ultra-croustillante, ce léger arrière-goût grillé .. j'en salive déjà.

Sur le papier, des chips de banane, il faut admettre que ça intrigue. Fièrement tamponnés de leur logo “Commerce Équitable”, ces petits sachets vert et jaune remportent un franc succès au sein du rayon “nourriture du monde” de votre supermarché favori. En plus, regardez à quel point le modeste producteur péruvien exhibé sur l'emballage semble reconnaissant de l'exportation de sa récolte. Trop beau pour être vrai ..?

Passons sous silence alors le fait assez évident que les chips, quelle qu'en soit la nature, et à fortiori quand elles proviennent de l’autre coté de l’Atlantique, c'est une double-hérésie : l'utilisation d'huile de palme, et une profusion de saccharose. La forêt amazonienne déguste autant que nos artères. Cependant, notre palais sait habilement prendre le pas sur le reste de l'organisme, et quand il s'agit de faire prévaloir un sens, le goût l'emporte sur la raison. Une définition de la malbouffe, en somme.

note : quatre virgule cinq Philippe Katerine sur cinq

rédigé par Lu

mercredi 19 octobre 2016

Peanut butter & jelly sandwich


Cet incontournable de la gastronomie américaine est un peu l'équivalent du BN pour le goûter à la récré dans nos contrées : l'en-cas de base pour plusieurs générations. Une recette toute bête : une tranche de pain de mie recouverte de beurre de cacahuètes, une autre de confiture, et hop, on colle tout ça. Les réfractaires au beurre de cacahuète (dont je fais partie) esquissent déjà des grimaces horrifiées : le mélange est effectivement inquiétant. Mais honnêtement, il fonctionne plutôt bien. On sent bien le goût des deux condiments, mais la confiture contrebalance la sécheresse du beurre de cacahuète. Et puis c'est facile et rapide à faire et ça cale aussitôt (mieux vaut faire un sandwich à partir d'une seule tranche de pain de mie coupée en deux, deux tranches et ça vous flingue déjà pas mal le bide).

Évidemment, une recette aussi basique est sujette à moult modifications : pain de mie complet, brioche, pain aux céréales et/ou fruits secs... Pourquoi pas toaster son pain de mie également. On peut aussi évidemment changer de confiture : la recette traditionnelle appelle plutôt pour la fraise, mais tous les fruits rouges (ou le raisin, apparemment) devraient fonctionner, pour les autres il faudra tester par soi-même... Enfin le type de beurre de cacahuète (avec ou sans morceaux) ne change rien au goût mais peut apporter un peu de variété. En bref, un sandwich tout bête qui dépanne à bas prix pour ces fringales persistantes et qui, malgré la présence de beurre de cacahuète, ne donne pas trop l'impression de mordre dans un pain de mastic.

N

Rédigé par Jumbo

dimanche 16 octobre 2016

Sunset Coco Domino's Pizza


J'ai eu différentes périodes avec Domino's Pizza : la première, la plus longue, fut celle durant laquelle je ne jurais que par l'Australienne et sa sauce barbecue. Puis je découvris les délice de la Bacon Groovy... Mais je crois que j'ai trouvé ma nouvelle petite favorite : la Sunset Coco, hélas en édition limitée. Ses ingrédients : poulet, mozzarella, oignons, ananas, sauce barbecue et lait de coco. Eh oui ! L'ananas effraie souvent les gens, personnellement je ne peux pas en manger tout seul ni en boire en jus, mais rien ne bat du poulet à l'ananas à la sauce aigre-douce, et la pizza hawaïenne reste une valeur sûre...

Cette pizza joue donc sur le sucré/salé, voire sur le sucré tout court, puisqu'entre l'ananas, le lait de coco et la sauce barbecue, on se retrouve presque face à un dessert... Le poulet est là pour apporter un peu de consistance face à la teneur assez crémeuse de la pizza. Malgré sa composition, la Sunset Coco n'est pas aussi écœurante ou bourrative que d'autre pizzas de chez Domino's... En bref, une franche réussite, très bonne variante de la pizza hawaïenne (qui propose du jambon à la place du poulet et ne comporte pas de sauce barbecue).


Note : trois virgule cinq controverses de Valladolid sur cinq

Originellement publié le 07/09/2012

Siera Burger Hesburger


Hesburger, c'est le McDo finlandais omniprésent dans ce pays et dans les pays baltes, où il est plus populaire que la firme américaine. Comme d'habitude avec les fast food dans les pays de l'Est, les prix sont si dérisoires qu'il est impossible de résister. Et Hesburger élève l'art de la malbouffe à des degrés encore inconnus. Avec ses couleurs rouge et bleu et ses restaurants d'une froideur toute post-soviétique, le gastronome averti sait déjà qu'il va se frotter à une expérience mémorable. Et en effet, ces scientifiques finlandais ont trouvé la recette parfaite, l'équilibre ultime entre production tellement cheap qu'elle en donne directement la courante, et réconfort instantané gorgé de sel et de sucre et d'arômes artificiels si délicieux.

Nous parlons donc aujourd'hui du cheeseburger de la marque, que j'ai pu découvrir sous le sobriquet de "Siera burger" en Lituanie, "Mėsainis su sūriu" en Lettonie et "Juustuburger" en Estonie. Je vous laisse imaginer tous les flashbacks de point & click édités par Sierra qui ont afflué dans mon esprit en découvrant la dénomination lituaniene, tandis que l'estonienne a rendu les choses compliquées lorsque mon compagnon de voyage a demandé "just a burger" à une employée en pleine mort cérébrale. Souvent disponible à un modique euro, c'est l'item gustatif de prédilection à aller chopper vite fait en rentrant de soirée pour étancher une petite fringale.

Il se compose donc d'un pain doux et mou comme il faut à la manière du hamburger de McDo, et du classique assortiment steak / fromage / cornichons / oignons / ketchup / moutarde. On peut pas se tromper avec tout ça. Mais là où le produit tire son épingle du jeu, c'est en badigeonnant le steak et le fromage d'une sauce dont je ne découvre qu'aujourd'hui la composition : une moutarde au concombre. COMMENT ? Mais c'est absolument génial. Je suis d'ordinaire plutôt habile à reconnaître les saveurs inconnues, mais là, mon nez à été berné deux semaines durant, et je suis un FAN de concombre, j'en mets partout, même dans ma vodka. Et le meilleur, c'est que bien souvent la sauce, d'une teneur des plus grasses, se mélange habilement au fromage, plus dense, pour créer une espèce de crème ultra-riche qui transforme en quelques bouchées un affamé en repu avec option nausée satisfaisante. Bref, du grand art, vous savez où faire votre premier arrêt en descendant de votre prochain vol Ryan Air.

Note : trois virgule cinq renvois sur cinq

Burger Italien Charal


Les hamburgers Charal sont probablement les hamburgers industriels les plus comestibles sans canon de revolver contre la tempe; il parait même que certains en mangent pour leur bon plaisir. Ce fut mon cas pendant un certain temps, jusqu'à ce que, par une conjonction stellaire pour le moins ironique, ils disparaissent purement et simplement des rayons des magasins où je faisais habituellement mes courses, à l'exact moment même où je découvris à la télévision un flot de publicités en méritant les mensongères vertus gustatives. Quelle ne fut pas alors ma délectable surprise lorsque je retombai sur la gamme dans un magasin où je n'avais pas coutume d'aller, après des mois de disette. Et, incroyable, ladite gamme s'était enrichie de plusieurs nouvelles additions, dont ce Burger Italien à l'appellation pour le moins aguicheuse.

La boîte promet un hamburger customisé avec un pain ciabatta parsemé d'origan avec une tranche de mozzarella, des poivrons et une sauce au basilic. Dans les faits, on se retrouve avec un hamburger relativement lambda où l'on peine bien à distinguer le goût de la mozzarella comme des poivrons avec un steak toujours aussi à moitié cuit/mal décongelé. Tout ça passerait encore si l'ensemble n'était pas tout simplement inondé par un pesto industriel bien trop épais. J'en suis personnellement venu à ne tolérer que le pesto artisanal où le goût du parmesan et des pignons de pin n'est pas totalement oblitéré par le basilic, et cette sauce ne s'en approche guère. Le pain offre un peu de changement bienvenu par rapport à la gamme traditionnelle, et l'ensemble n'est certes pas dégoûtant, mais difficile de ne pas être déçu, surtout au prix prohibitif où ce bidule est vendu.


Note : deux virgule cinq années de plomb sur cinq

Originellement publié le 07/09/2012